Compétitivité, connectivité, souveraineté du transport aérien : la FNAM inquiète du risque de décrochage du pavillon France

Compétitivité, connectivité, souveraineté du transport aérien : la FNAM inquiète du risque de décrochage du pavillon France

À l’occasion de sa conférence de presse semestrielle, Pascal de Izaguirre, Président de la FNAM, Muriel Assouline (directrice générale d’Air Caraïbes), Bertrand Godinot (Directeur Général France d’easyJet) et Olivier Mazzucchelli (PDG de Transavia), dressent un état des lieux du secteur aérien français à l’issue de la saison hivernale et partagent les perspectives pour l’été 2025.

Le constat est celui d’un premier trimestre 2025 marqué par une dynamique positive mais également l’apparition de signes préoccupants de perte d’attractivité du marché français et de compétitivité pour les compagnies aériennes basées. Les professionnels du secteur y voient en particulier les conséquences d’une nouvelle hausse des coûts sur le transport aérien en France.

Un premier trimestre encore dynamique mais des menaces structurelles et conjoncturelles pour 2025

Le trafic aérien commercial en France a atteint 37,4 millions de passagers au premier trimestre 2025, en hausse de 4,7 % par rapport à la même période en 2024, dépassant de 0,8 % son niveau d’avant-crise. Dans un environnement international marqué par l’instabilité, l’offre de sièges en France diminuera cet été par rapport à l’année 2024 tandis que le pays tombe au sixième rang de la zone Europe en étant désormais dépassé par l’Italie et la Turquie (1).

À ces défis s’ajoute un manque de stratégie des pouvoirs publics pour protéger l’aérien français de distorsions de concurrence qui creusent la compétitivité du secteur par rapport aux autres pays. L’illustration la plus criante étant la hausse de la taxe sur les billets d’avion, entrée en vigueur en mars dernier. Comme l’a rappelé Pascal de Izaguirre : “cette taxe démontre une marque de négation de l’utilité d’un secteur d’excellence pourtant indispensable à la société et à une économie française de plus en plus tournée vers le tourisme”.

Dans ce contexte, et sur la base des nombreuses propositions présentées par la filière ces dernières années, les compagnies ont rappelé l’urgence d’un dialogue étroit avec les pouvoirs publics afin d’assurer la pérennité d’un transport aérien accessible, durable et de qualité, au service des territoires.

Transition écologique : un engagement indispensable à confirmer

La FNAM a souhaité réaffirmer sa détermination à réussir la transition écologique du secteur aérien français dans laquelle l’ensemble des acteurs est pleinement engagé, notamment au travers du renouvellement accéléré des flottes ou du soutien aux carburants durables (SAF) ; à condition toutefois de lui donner les moyens de jouer ce rôle.

Elle souligne une nouvelle fois la priorité absolue à constituer une filière de carburants aéronautiques durables et rappelle que « les ambitions sont là, les volontés aussi. Ce qui est désormais nécessaire, ce sont les moyens »

Elle salue à ce titre la remise des prix de l’appel à projets Carb Aero, porté par les ministères des Transports et de l’Industrie. Cette initiative, alors même que le temps presse pour structurer une filière française, appelle rapidement à la mise en place d’un cadre incitatif clair et des financements cohérents avec les ambitions affichées.

Une dynamique sociale exemplaire au sein de la filière aérienne

Le dialogue social au sein du secteur aérien reste vivant et constructif. En témoignent les nombreux accords de branche conclus ces dernières années – près de 20 depuis 2022. Le dernier en date, signé majoritairement début avril 2025, constitue déjà le 5ème accord salarial conclu au niveau de la branche depuis 2022. Un chiffre révélateur d’un engagement fort des partenaires sociaux pour répondre aux enjeux d’attractivité des métiers et de cohésion sociale dans un contexte en profonde mutation.

La FNAM appelle donc les pouvoirs publics à définir une véritable stratégie nationale pour l’aérien, à l’image de celle annoncée par le nouveau gouvernement allemand. Cette stratégie nationale doit être à la hauteur des défis de compétitivité, de transition écologique et de connectivité. « Le secteur aérien ne demande pas d’exception, il demande une vision, une stratégie, une équité, une cohérence. Pour que voler en France reste un moteur d’emploi, de lien et de transition écologique – et non un parcours d’obstacles, car je le rappelle, le secteur aérien français représente 1,8% du PIB et plus de 570 000 emplois », conclut Pascal de Izaguirre.

(1) Et toujours derrière l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Allemagne.